Une binette sur une brouette

Pourquoi un binage vaut deux arrosages ?

Mis à jour le 21/08/2018 par Damien

Vous connaissez bien ce dicton en tant que jardinier.  Il peut être vrai, mais pas à 100%. Laissez-moi vous expliquer pourquoi.

Deux choses à savoir dans une terre.

  • L’eau, quelle soit de pluie ou d’arrosage, coule dans la terre par les espaces plus ou moins réguliers entre les grains de terre, appelés liens capillaires ou « tubes » capillaires. Si ils permettent l’écoulement de l’eau vers le bas, ils laissent aussi remonter l’eau d’évaporation vers la surface. Le binage a tendance à ouvrir ces tubes. Plus la terre est sableuse (grains gros), plus ces tubes sont larges et laissent passer l’eau très vite dans les deux sens. Plus la terre est argileuse et plus l’eau est retenue.
  • Un phénomène se passe quand la pluie tombe sur les terres à grains fins (argile ou limon), c’est le phénomène de la battance qui forme une croûte plus ou moins épaisse sur le dessus du sol (2-3 mm à 2 cm en moyenne). Cette croûte est formée par la destruction et le colmatage des tubes capillaires lors de pluie ou de piétinement sur le dessus du sol. En séchant, cela devient comme un petit ciment qui durcit et forme une croûte de terre. Le binage casse cette croûte. Si vous versez de l’eau dessus, celle-ci va glisser sur cette croûte pour rouler vers la première fente disponible. Cette croûte se forme partout sur des terres nues, sous des herbes de prairies et même sous des arbres quand il fait sec. Ce n’est pas propre aux terrains nus, même si elle se voit plus sur ces derniers.

Cette croûte va donc former comme un couvercle étanche à l’eau (dans les premières minutes d’une pluie, il le reste). Mais, si il est étanche par dessus, il est aussi étanche par dessous et retient donc une grande partie de l’humidité du sol en ralentissant ainsi l’évaporation. On ne peut jamais arrêter totalement l’évaporation, si on cultive écologiquement. Le binage expose l’humidité au soleil.

Faites une expérience en plein été: cassez la croûte et fouillez avec votre doigt dessous. Vous remarquerez une humidité plus grande que dessus la croûte. Preuve que cela retient l’eau d’évaporation. Une deuxième expérience que je vous propose est de mettre une plaque de plastique (1m2) sur de l’herbe et une autre sur une croûte de terre. Vous laissez quelques heures au soleil et vous les soulevez. Vous constaterez qu’il y a plus de condensation sur la plaque côté herbe que côté croûte, donc plus d’évaporation. De plus, des mesures d’évaporation ont été faites à l’Inra sur du blé et sur une terre nue, montrant la différence d’évapotranspiration élevée, côté blé.

Le binage , dans quelles conditions ?

Quand on effectue le binage, si on le fait sur une terre avec beaucoup de mauvaises herbes, on va effectivement en coupant (sarclant) ces herbes, faire faire des économies d’eau au sol, eau qui sera disponible pour vos plantes. Mais si le sol est a peu prêt propre et qu’il s’est formé une croute de terre sur le dessus, stoppez le binage !! Car en cassant cette croute par le binage, vous relancez l’évaporation du sol avec intensité en exposant la terre humide au soleil jusqu’à reformation de la croute tout en perdant des litres d’eau au mêtre carré.

Comme la nature a inventé ce système pour préserver les réserves d’eau du sol, elle est tellement intelligente qu’elle a prévu que quand il y aurait abondance d’eau (pluie ou arrosage) cette croute gonflerait d’eau et disparaitrait par l’écartement des grains de terre pour laisser les réserves du sol se re-remplir. Vice-versa quand il manquerait d’eau.

Binage ou mulching ?

Dans le cas d’un mulching ou paillage, celui-ci provoque comme un toit partiel qui condense l’eau en goutte, sur des brins de paille par exemple. Cette eau finit par retomber en terre et dilue cette croûte comme dans le cas d’une pluie. La croûte ne fait plus obstacle à l’évaporation, du coup, la terre continue sans cesse de transpirer. On croit souvent que c’est le paillage qui évapore, mais il est étrange de voir des écorces de pins ou des pailles sèches continuer d’évaporer, alors que leurs matières sèches sont déjà à 95% quand on les met sur la terre. C’est plutôt la terre du dessous qui perd de l’eau très vite. Il faut pas simplement regarder la surface de la terre que vous avez dessous directement qui sera humide, mais la réserve d’eau totale de votre sol.

Le binage doit donc, et cela n’engage que moi, être arrêté là où vous n’avez plus d’adventices. Et il faut largement préférer l’arrosage très localisé comme le goutte à goutte ou cuvette au pied de la plante, plutôt que l’aspersion à grande échelle pour éviter au maximum de casser la croûte. Je n’ai rien contre le paillage, je le pratique, mais pas partout et n’importe comment, pour préserver mes réserves d’eau du sol.

Avec le réchauffement climatique, les réserves d’eau du sol vont diminuer inexorablement. Il faut donc tout faire pour les préserver et les remplir au moment des pluies surtout dans les terrains accidentés. Il en va de nos cultures, de nos puits, de nos rivières et de nos lacs.

Et vous qu’en pensez-vous ? Venez en discuter sur les réseaux sociaux. Enfin, trouvez d’autre conseils utiles dans notre section dédiée au potager.

Une binette sur une brouette

Pourquoi un binage vaut deux arrosages ?

Mis à jour le 21/08/2018 par Damien

Vous connaissez bien ce dicton en tant que jardinier.  Il peut être vrai, mais pas à 100%. Laissez-moi vous expliquer pourquoi.

Deux choses à savoir dans une terre.

  • L’eau, quelle soit de pluie ou d’arrosage, coule dans la terre par les espaces plus ou moins réguliers entre les grains de terre, appelés liens capillaires ou « tubes » capillaires. Si ils permettent l’écoulement de l’eau vers le bas, ils laissent aussi remonter l’eau d’évaporation vers la surface. Le binage a tendance à ouvrir ces tubes. Plus la terre est sableuse (grains gros), plus ces tubes sont larges et laissent passer l’eau très vite dans les deux sens. Plus la terre est argileuse et plus l’eau est retenue.
  • Un phénomène se passe quand la pluie tombe sur les terres à grains fins (argile ou limon), c’est le phénomène de la battance qui forme une croûte plus ou moins épaisse sur le dessus du sol (2-3 mm à 2 cm en moyenne). Cette croûte est formée par la destruction et le colmatage des tubes capillaires lors de pluie ou de piétinement sur le dessus du sol. En séchant, cela devient comme un petit ciment qui durcit et forme une croûte de terre. Le binage casse cette croûte. Si vous versez de l’eau dessus, celle-ci va glisser sur cette croûte pour rouler vers la première fente disponible. Cette croûte se forme partout sur des terres nues, sous des herbes de prairies et même sous des arbres quand il fait sec. Ce n’est pas propre aux terrains nus, même si elle se voit plus sur ces derniers.

Cette croûte va donc former comme un couvercle étanche à l’eau (dans les premières minutes d’une pluie, il le reste). Mais, si il est étanche par dessus, il est aussi étanche par dessous et retient donc une grande partie de l’humidité du sol en ralentissant ainsi l’évaporation. On ne peut jamais arrêter totalement l’évaporation, si on cultive écologiquement. Le binage expose l’humidité au soleil.

Faites une expérience en plein été: cassez la croûte et fouillez avec votre doigt dessous. Vous remarquerez une humidité plus grande que dessus la croûte. Preuve que cela retient l’eau d’évaporation. Une deuxième expérience que je vous propose est de mettre une plaque de plastique (1m2) sur de l’herbe et une autre sur une croûte de terre. Vous laissez quelques heures au soleil et vous les soulevez. Vous constaterez qu’il y a plus de condensation sur la plaque côté herbe que côté croûte, donc plus d’évaporation. De plus, des mesures d’évaporation ont été faites à l’Inra sur du blé et sur une terre nue, montrant la différence d’évapotranspiration élevée, côté blé.

Le binage , dans quelles conditions ?

Quand on effectue le binage, si on le fait sur une terre avec beaucoup de mauvaises herbes, on va effectivement en coupant (sarclant) ces herbes, faire faire des économies d’eau au sol, eau qui sera disponible pour vos plantes. Mais si le sol est a peu prêt propre et qu’il s’est formé une croute de terre sur le dessus, stoppez le binage !! Car en cassant cette croute par le binage, vous relancez l’évaporation du sol avec intensité en exposant la terre humide au soleil jusqu’à reformation de la croute tout en perdant des litres d’eau au mêtre carré.

Comme la nature a inventé ce système pour préserver les réserves d’eau du sol, elle est tellement intelligente qu’elle a prévu que quand il y aurait abondance d’eau (pluie ou arrosage) cette croute gonflerait d’eau et disparaitrait par l’écartement des grains de terre pour laisser les réserves du sol se re-remplir. Vice-versa quand il manquerait d’eau.

Binage ou mulching ?

Dans le cas d’un mulching ou paillage, celui-ci provoque comme un toit partiel qui condense l’eau en goutte, sur des brins de paille par exemple. Cette eau finit par retomber en terre et dilue cette croûte comme dans le cas d’une pluie. La croûte ne fait plus obstacle à l’évaporation, du coup, la terre continue sans cesse de transpirer. On croit souvent que c’est le paillage qui évapore, mais il est étrange de voir des écorces de pins ou des pailles sèches continuer d’évaporer, alors que leurs matières sèches sont déjà à 95% quand on les met sur la terre. C’est plutôt la terre du dessous qui perd de l’eau très vite. Il faut pas simplement regarder la surface de la terre que vous avez dessous directement qui sera humide, mais la réserve d’eau totale de votre sol.

Le binage doit donc, et cela n’engage que moi, être arrêté là où vous n’avez plus d’adventices. Et il faut largement préférer l’arrosage très localisé comme le goutte à goutte ou cuvette au pied de la plante, plutôt que l’aspersion à grande échelle pour éviter au maximum de casser la croûte. Je n’ai rien contre le paillage, je le pratique, mais pas partout et n’importe comment, pour préserver mes réserves d’eau du sol.

Avec le réchauffement climatique, les réserves d’eau du sol vont diminuer inexorablement. Il faut donc tout faire pour les préserver et les remplir au moment des pluies surtout dans les terrains accidentés. Il en va de nos cultures, de nos puits, de nos rivières et de nos lacs.

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